Éclore tardivement :
le privilège des « late bloomers«
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30 mars 2021
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point »
L’une des plus célèbres fables de la Fontaine, inspirée par Ésope, un écrivain de l’antiquité grecque, met en scène un lièvre et une tortue, qui décident de faire la course. Le lièvre, sûr de sa rapidité, laisse tellement d’avance à la tortue avant de s’élancer qu’il perd finalement la course. La morale est explicite et placée dès le premier vers : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point ».
Et pourtant, malgré les avertissements de la Fontaine et d’Ésope, notre société continue d’admirer le lièvre plus que la tortue. Nous restons otages de l’un des mythes les plus puissants du monde moderne, selon lequel les résultats aux examens et les réalisations précoces sont les meilleurs indicateurs de la réussite dans la vie. Nous continuons à être fasciné·e·s par les prodiges qui excellent dans un domaine dès leur plus jeune âge et négligeons ceux qui prennent le temps de trouver leur rythme. Résultat : notre société hyperconcurrentielle pousse chaque enfant à devenir, à peine sorti de la puberté, un lauréat du prix Nobel, un athlète olympique ou un pianiste de concert.
Or cette survalorisation absurde de la réussite précoce présente au moins deux failles majeures. D’abord, elle mesure la réussite via des indicateurs imposés par la société , qui ne reflètent nullement le degré de satisfaction et de bonheur individuel : notes, résultats d’examens, emploi prestigieux, fortune, célébrité, etc. Des études indiquent d’ailleurs la montée en flèche du stress, de l’anxiété et de l’humeur dépressive chez les jeunes adultes. Comme le précise Rich Karlgaard dans son livre Late Bloomers: The Hidden Strengths of Learning and Succeeding at Your Own Pace :
« Une partie de cette augmentation est probablement due à un meilleur diagnostic, à un accès accru aux soins et à une plus grande volonté de demander de l’aide. Mais la plupart des experts s’accordent à dire qu’une part importante de cette tendance est due à l’évolution de nos attentes culturelles. Et ces attentes, fondées sur une intensification des mesures et des évaluations, semblent avoir rendu les élèves les plus performants plus fragiles que jamais. »
Ensuite, elle implique que si notre étoile n’a pas brillé de mille feux dès le début de notre âge adulte, nous sommes condamné·e·s à être laissé·e·s-pour-compte pour le reste de notre vie. Et c’est bien là le risque. Il n’y a aucun mal à applaudir ou à encourager la réussite précoce. Chaque réalisation mérite d’être reconnue et admirée. Mais en faisant du Lièvre le symbole exclusif de la réussite et de l’épanouissement, nous condamnons les autres modèles à l’échec. Si le succès précoce est le seul recherché, loué, encensé, qu’en est-il de toutes les personnes qui éclosent tardivement ? Ces « late bloomers » qui se révèlent tard dans la vie, trouvent leur voie, l’amour, le succès, la reconnaissance etc. des années après leur jeunesse ?
Notre capacité à réussir ne connaît pas de date d’expiration
S’appuyant sur des données scientifiques, Rich Karlgaard déclare dans son livre Late Bloomers: The Hidden Strengths of Learning and Succeeding at Your Own Pace :
« Beaucoup d’entre nous – et peut-être la plupart d’entre nous – s’épanouissent bien après leurs jeunes années, au fur et à mesure qu’ils acquièrent la sagesse, la résilience et l’équanimité nécessaires à une véritable réussite. »
Quel soulagement ! Ce n’est donc pas notre faute si nos enfants ne font pas d’études ? Si nous n’avons pas créé une start-up avant la trentaine ? Ou si nous ne travaillons pas dans une entreprise cool qui change le monde ? Nous ne sommes donc pas des raté·e·s pour autant ?
Karlgaard et d’autres auteurs comme Brendan Gil ou Catherine Taret nous invitent à remettre en question le postulat de base selon lequel une « floraison » précoce est nécessaire pour réussir et s’épanouir tout au long de la vie. Beaucoup de preuves et de témoignages vont dans le sens contraire.
Il existe une explication scientifique au fait que tant d’entre nous s’épanouissent plus tard dans la vie. La fonction exécutive de notre cerveau n’arrive pas à maturité avant l’âge de 25 ans, voire plus tard pour certains. Les capacités de notre cerveau atteignent leur apogée à des âges différents et nous connaissons plusieurs périodes d’épanouissement au cours de notre vie.
Chez les late bloomers, plusieurs forces sont à l’œuvre
Et puis, en plus de l’explication neuroscientifique, plusieurs raisons expliquent l’épanouissement tardif des late bloomers. Selon Catherine Taret, l’auteure de Il n’est jamais trop tard pour éclore :
« On peut-être accaparé par des contingences matérielles ou prisonnier de son arbre généalogique : il faut nourrir sa famille ou gérer l’entreprise familiale. On peut aussi être occupé à réaliser les rêves de quelqu’un d’autre. Dans la même veine, certains late bloomers se retrouvent coincés dans des relations bloquantes. On peut aussi être découvert tard, même si on travaille d’arrache-pied sur un projet. C’est le cas par exemple de George Clooney. Pour ces late-bloomers, aucun doute sur leur vocation, c’est plutôt une question de circonstances. Autre exemple : Judi Dench, élevée au rang de Dame de l’Empire britannique à 54 ans pour son travail au théâtre et qui a connu un grand succès dans James Bond à 60 ans et s’est fait tatouer à 81 ans ! »
Dans certaines professions, on ne peut déployer tout son talent qu’après 20 ans de travail, comme par exemple dans le métier d’architecte. C’est une profession qui favorise l’âge et l’expérience : être un late bloomer dans ce métier, ce n’est pas être en retard, c’est être dans les temps !
Et puis dans la culture anglo-saxonne, se réinventer à un moment de notre vie où l’on se pense trop vieux, est mieux accepté qu’en France, où la loi de l’opportunité manquée est très sévère, tout comme le rapport à l’échec.
Les 6 atouts des late bloomers
Quel dommage que notre société veuille nous faire entrer dans le moule de la réussite standardisée, celle du prodige qui ne peut être que jeune, très jeune de plus en plus jeune ! Pourquoi embrasser une voie unique alors que nous sommes toutes et tous si différent·e·s ?
Les personnes à « floraison tardive » ont fait l’expérience des faux pas, des bosses et des bleus de la vie. Elles ont acquis des connaissances et des perspectives intéressantes.Karlgaard dénombre 6 atouts propres aux late bloomers :
- Curiosité : les late bloomers semblent conserver davantage leur curiosité d’enfant et un état d’esprit juvénile.
- Compassion : la capacité de se mettre à la place des autres, à comprendre leurs difficultés et à trouver la meilleure façon de les aider.
- Résilience : les personnes d’âge mûr sont plus habituées à l’adversité, elles ont acquis plus d’outils et de perspectives pour y répondre et aller de l’avant.
- Équanimité : en vieillissant, notre cerveau est poussé à rechercher le calme, la sérénité et l’égalité d’humeur, en particulier dans une situation difficile. C’est donc un attribut qui s’améliore avec l’âge.
- Perspicacité : la perspicacité est une nouvelle perception, une intuition, qui est le résultat de l’utilisation de toute notre bibliothèque mentale d’expériences, de modèles et de contextes.
- Sagesse : l’intégration cérébrale – et l’augmentation du jugement, de l’expertise et de la sagesse qui en résulte – se produit naturellement à l’âge moyen.
Il n’est jamais « trop tard » pour découvrir notre potentiel
Comme le résume avec panache Kahina Boudjidj : « En somme, les late bloomers sont ceux qui prennent leur temps et font ce que bon leur semble. Ils n’ont pas fait fortune à 25 ans, ils ne se sont pas mariés à 30 ans, ils n’ont pas encore d’enfants à 40 ans, ils trouvent l’amour à 50 ans et se mettent au sport à 60. Ils écrivent leur premier roman à 70, reprennent la clope à 80 et font une pub à 95 ans ».
Alors comment entrer dans le late blooming, comment s’épanouir et trouver notre voie quand on a passé la quarantaine ?
- Embrasser son originalité
En tant que late bloomers, nos chemins vers le succès sont nécessairement non conventionnels. Accepter et embrasser l’originalité de notre parcours nous permet de sortir du doute, de la gêne, de la paralysie, de la crainte d’être inadéquat·e. Au lieu de rester dans l’inaction et la passivité, nous ressentons de la fierté pour ce qui fait notre singularité.
- Transformer le doute en information
Correctement géré, le doute est une source d’information et de motivation qui nous aide à améliorer notre préparation et nos performances. Il nous pousse à remettre en question les résultats, à expérimenter de nouvelles stratégies et à nous ouvrir à d’autres façons de résoudre les problèmes, autant de tactiques qui sont en corrélation avec les forces de l’épanouissement tardif telles que la curiosité et la résilience. Nous devons apprendre à voir le doute en soi pour ce qu’il est vraiment : de l’information, ni plus ni moins.
- Prendre soin de soi
Lorsqu’on a consacré beaucoup de temps aux autres, à prendre soin de sa famille ou à réaliser les rêves de son entourage, son épanouissement personnel est souvent remis … au lendemain. On n’a peut-être tout simplement pas eu le temps de souffler et de penser à soi, encore moins à sa vocation. On fait alors partie des late bloomers qui n’ont pas encore éclos. C’est le moment de se consacrer du temps, sans attentes particulières, de prendre régulièrement soin de soi en se programmant des moments de calme et de répit.
- Écouter son cœur
Si l’on n’a pas trouvé ce que l’on cherche, c’est peut-être, tout simplement, qu’on cherche quelque chose qui n’existe pas encore. C’est peut-être à nous de créer ce projet, ce job que nous recherchons tant ou de façonner la relation dont nous rêvons !
- Le bon timing, c’est maintenant !
S’il n’est jamais trop tard pour trouver sa voie et réaliser ses rêves, il n’est jamais trop tôt non plus pour se lancer. Différer son projet est une fausse bonne idée. Attendre d’avoir assez d’argent, attendre d’avoir le temps, attendre le bon moment, attendre un « signe » du destin… sont des leurres qui nous empêchent d’apprendre de nos expériences, bonnes ou mauvaises. Lorsque l’on se sent suffisamment prêt·e dans son cœur, il faut se jeter à l’eau !
Il est grand temps de se souvenir du potentiel de chacun·e d’entre nous. En appliquant nos compétences de curiosité, de compassion, de résilience, d’équanimité, de perspicacité et de sagesse acquises au fil des ans, nous atteignons notre grandeur personnelle. Nous pouvons alors trouver, à notre propre rythme, un chemin personnel vers le succès, celui que nous définissons comme tel à nos yeux.
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Barbara Reibel
Coach Happiness, Auteure et Blogueuse
Fondatrice du site Happiness Factory et du blog En 1 mot