Coaching sylvatique :
la forêt comme outil d’accompagnement
Coaching, nature
6 février 2024
La première fois que je me suis intéressée au coaching sylvatique, c’était en 2018. J’animais une émission de radio pendant laquelle j’avais interviewé Géraldine Sirlin, alors praticienne en sylvothérapie, aujourd’hui formatrice et fondatrice de l’association La nature au cœur. Intriguée, j’avais ensuite testé personnellement le coaching sylvatique lors d’une séance de découverte et cela avait été une véritable révélation : aux questions que je me posais, la nature avait répondu par un vol de libellules qui s’étaient posées sur mon bras ! C’était décidé : je voulais devenir à mon tour coach sylvatique ! Le Covid étant passé par là, il m’a fallu patienter jusqu’en 2021 pour me former à l’ICA avec Géraldine. Depuis, je ne cesse de proposer cet accompagnement aux particuliers et en entreprise, en complément aux séances de coaching intra-muros, et je suis régulièrement bluffée par les prises de conscience et les déblocages qui s’opèrent
En effet, ce qui distingue le coaching sylvatique d’un coaching classique, c’est l’utilisation de la systémie forestière et de l’arbre-miroir pour rendre manifeste ce que la personne coachée a besoin d’entendre et pour lui souffler les réponses à des demandes non formulées. Car dans la nature, tout est signifiant : les arbres, les buissons, les plantes, les tapis de mousse, le sol végétal, le bourdonnement d’un insecte, le tap-tap d’un pic-vert, le chant du vent dans les feuilles, le bruit cristallin d’un ruisseau, les camaïeux de vert, l’odeur de l’humus fraîchement mouillé, l’écureuil qui file se mettre à l’abri, même les lointains échos de la modernité (voiture, avion,…). Les arbres sont en effet des organismes vivants et intelligents, organisés en société, on le sait depuis le magnifique ouvrage du garde forestier Peter Wohlleben La vie secrète des arbres, que j’ai chroniqué ici.
Une expérimentation qui met à contribution tous les sens
C’est l’une des toutes premières étapes dans laquelle j’embarque la personne coachée : l’expérimentation visuelle, auditive, olfactive, tactile et gustative. Je l’invite à se connecter à la nature par le biais de ses cinq sens, en les privilégiant à tour de rôle. La vue, l’ouïe et l’odorat sont les premiers sens mobilisés et à ce stade, je constate déjà que la ou le coaché(e) perçoit des détails qui ont échappé à mon propre filtre. Ensuite, je vais un cran plus loin en l’amenant à toucher un arbre les yeux fermés : tronc, branches, feuilles, mousse, champignons,… A noter qu’avant tout contact, je m’assure qu’il n’y ait pas de colonies de chenilles processionnaires ou autres insectes nuisibles sur le tronc ou les branches de l’arbre.
Lorsqu’il y a des sapins en forêt, je l’amène à « goûter » une ou deux aiguilles, en les plaçant d’abord sur la langue puis en les mâchant lentement. Les conifères sont riches en terpènes, en particulier le pinène, cet arôme caractéristique des pinèdes, également présent dans certaines épices comme la sauge ou le romarin. Je choisis l’aiguille de pin ou de sapin parce que son goût est plus parfumé que celle d’un feuillu et généralement apprécié de tous. Si l’aventure vous tente, attention toutefois à ne pas choisir une plante ou un arbre que vous ne connaissez pas car ils peuvent être toxiques ! Dans le doute, s’abstenir.
Les bénéfices du « bain de forêt »
Et justement, les terpènes, parlons-en. Ces molécules aux propriétés odoriférantes, qui appartiennent à la classe des phytoncides, sont produites par de nombreux végétaux pour se défendre contre les insectes prédateurs et attirer ceux qui jouent un rôle bénéfique pour la pollinisation. De nouvelles recherches démontrent que les terpènes ont des effets bénéfiques sur la santé physique et mentale. Une étude publiée dans le Journal of Toxicological Research a montré que la coutume japonaise du bain de forêt, ou shinrin-yoku, qui se pratique dans un environnement riche en terpènes, a des effets anti-inflammatoires, anticancérigènes et neuroprotecteurs potentiels sur la santé humaine.
Les arbres ont le pouvoir de nous délivrer de notre stress.
Les phytoncides diminuent le taux de cortisol (l’hormone du stress) et abaissent le rythme cardiaque, renforcent le système immunitaire et améliorent nos capacités cognitives. La liste est longue des bienfaits apportés par une simple immersion dans la nature, et qui explique sans doute en partie la puissance de l’accompagnement en forêt. Ce qui était pratiqué intuitivement par nos ancêtres, et dans les sanatoriums au 19ème siècle pour les personnes souffrant de tuberculose, a été confirmé par les études menées dès les années 1980 au Japon, précurseur de la vague verte du shinrin-yoku : les arbres nous soignent !
Un remède à l’hyperconnexion
Le contact avec les arbres, les plantes, le sol, permet aux personnes coachées de se déconnecter de leur quotidien et de leur vie trépidante pour ralentir leur rythme. Ce faisant, elles se reconnectent à leurs racines et à leur vraie nature, renforcent leur ancrage à la terre, développent leur écoute intérieure et libèrent leur capacité créatrice. Loin de leurs écrans (de fumée), les coaché(e)s expérimentent la pleine présence où seuls comptent l’ici et le maintenant.
Car pas question de faire de cette sortie en forêt une randonnée sportive! Les personnes coachées marchent lentement et prennent le temps de respirer doucement et profondément, afin d’inhaler et de profiter des bienfaits des fameux phytoncides. Il est fréquent d’ailleurs qu’elles ralentissent progressivement le pas, qu’elles passent d’une marche énergique à leur entrée en forêt pour en sortir à pas mesurés.
Le fait de marcher permet de se mettre physiquement en mouvement par rapport à l’objectif car le mouvement est libérateur. Je me cale sur l’allure de la personne coachée et l’encourage à se concentrer sur sa respiration en lui proposant de marcher au rythme de son inspir et de son expir. À tout moment, elle peut s‘arrêter pour observer le décor ou s’asseoir si elle le souhaite. De même que lors d’une séance à huis clos, c’est la ou le coaché(e) qui donne le tempo.
En s’immergeant dans la forêt, il devient plus facile d’atteindre un état d’esprit paisible. En marchant d’un pas lent, en se donnant le temps de ralentir, la personne coachée débranche son mental hyper sollicité par les connexions du monde moderne et en revient à un rythme biologique. C’est une marche méditative, avec des temps de silence pour laisser place à l’intériorisation.
Grâce à un mental apaisé, la personne coachée accède plus facilement à ses ressources intérieures et se reconnecte à sa vraie nature. Sous la houlette d’un(e) professionnel(le), le coaching sylvatique associe l’efficacité d’un accompagnement personnalisé avec la puissance de guérison de la nature.
Coaching sylvatique en famille et œuvre d’art réalisée, Crédit photo : Barbara Reibel
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Ce texte est un extrait de mon article paru dans le Magazine Coaching d’avril 2023
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Barbara Reibel
Coach Happiness, Auteure et Blogueuse
Fondatrice du site Happiness Factory et du blog En 1 mot