Vous voulez plus de bonheur ?
Restez dans le moment présent !
Psycho, coaching
28 septembre 2023
[social_warfare]
Au cours des 50 dernières années, nous, les Occidentaux, avons obtenu beaucoup de choses : nous avons un meilleur niveau de vie que nos parents, nous vivons plus longtemps que nos grands-parents, nous avons accès à l’éducation, à la santé et aux divertissements de toutes sortes. Or, le paradoxe, c’est que même si les conditions matérielles de nos vies se sont considérablement améliorées, nous ne sommes pas devenus globalement plus heureux.
La recherche sur le bonheur a explosé ces dernières années
Peut-être parce que les progrès permis par la modernité n’ont pas apporté de grands bénéfices en termes de bonheur. Les causes du bonheur font l’objet de débats depuis très longtemps, depuis des millénaires en fait, mais ces dernières années, la recherche sur le bonheur a explosé. C’est ainsi que l’on a appris que des éléments tels que le revenu, l’éducation, la sexualité et le mariage ont un impact sur le bonheur, mais ne sont pas déterminants. Certes, il est préférable d’être « riche et bien portant que pauvre et malade » pour paraphraser Francis Blanche. Mais au-delà d’une certaine somme – 75 000 dollars par an selon une étude américaine[1] – le bonheur ne change guère. Aujourd’hui, aux États-Unis, la richesse augmente, mais pas le bonheur, et 37 % des Américains les plus riches sont moins heureux que l’Américain moyen.
Le moment présent, à l’origine du bonheur ?
Mettons-nous d’accord sur ce qu’est le bonheur. Sonja Lyubomorski, professeur à l’université de Californie où elle dirige le laboratoire de psychologie positive, parle de « bien-être subjectif ». Pour elle, le bonheur est une combinaison entre être satisfait(e) de sa vie et ressentir des affects positifs.
Pour certains chercheurs, comme Matt Killingsworth et Daniel Gilbert de l’Université Harvard, à Cambridge, le bonheur est lié au contenu de nos expériences d’un moment à l’autre. Ce fameux « moment présent » qu’Eckhart Tollé nous enjoint de vivre serait donc le Graal ? Pour s’en assurer, les deux psychologues ont créé il y a quelques années une application – trackyourhappiness.org – qui envoyait des notifications à des moments aléatoires de la journée pour poser 3 questions aux participant(e)s :
-
- Question portant sur le bonheur : Comment vous sentez-vous à cet instant précis ? (Sur une échelle allant de « très mal = 0 » à « très bien = 100 ».
- Question portant sur l’activité : Qu’êtes-vous en train de faire?
(Dans une liste de 22 activités différentes comme manger, travailler, regarder la télévision, etc.) - Question portant sur le vagabondage mental : Pensez-vous à autre chose que ce que vous êtes en train de faire ?
(QCM avec comme réponses : Non / Oui – quelque chose de désagréable / Oui – quelque chose d’agréable / Oui – quelque chose de neutre)
- Question portant sur le bonheur : Comment vous sentez-vous à cet instant précis ? (Sur une échelle allant de « très mal = 0 » à « très bien = 100 ».
En 2011, au moment où Matt Killingsworth a présenté ses résultats au TEDx de Cambridge l’équipe avait déjà recueilli plus de 650 000 rapports en temps réel sur plus de 15 000 personnes, âgées entre 18 et près de 80 ans, représentant un large éventail de revenus, de niveaux d’éducation, de statut marital, de catégories professionnelles et réparties dans plus de 80 pays.
Parmi les différents aspects étudiés, les chercheurs se sont penchés sur le vagabondage de l’esprit (mind wandering). Cette capacité à focaliser notre attention sur autre chose que le présent est vraiment étonnante. Elle nous permet d’apprendre, de planifier et de raisonner comme aucune autre espèce animale ne peut le faire. Mais contribue-t-elle à notre bonheur ?
Les partisans de « l’ici et du maintenant » vous sans doute affirmer que pour être vraiment heureux, nous devons rester complètement immergés et concentrés sur notre expérience du moment. Pour eux, le vagabondage de l’esprit n’est pas souhaitable.
Et pourtant, lorsque notre esprit vagabonde, il est libre. Nous ne pouvons pas changer la réalité physique, mais nous pouvons aller n’importe où en esprit. N’est-il pas imaginable que lorsque notre esprit vagabonde, il va à un endroit plus heureux et augmente ainsi notre bonheur ?
Vagabondage mental et déconnexion avec le moment présent
La première question à laquelle les scientifiques ont répondu concerne la fréquence du vagabondage mental. Il s’avère que notre esprit vagabond vraiment beaucoup. En moyenne, 47 % du temps les participants à l’étude ont penés à autre chose que ce qu’ils étaient en train de faire :
- 65 % en prenant une douche ou en se brossant les dents,
- 50 % en travaillant,
- 40 % en faisant de l’exercice,
- 10% en faisant l’amour.
Le vagabondage n’est pas seulement fréquent, il est omniprésent dans tout ce que nous faisons. Depuis une dizaine d’années, les recherches en neurosciences ont montré que le vagabondage des pensées repose sur l’activité d’un réseau cérébral nommé « réseau par défaut ». Ainsi, par défaut, lorsque nous ne sommes pas concentrés sur une tâche ou une quelconque occupation, le cerveau est en mode « vagabondage » des pensées, un peu comme l’écran de veille de notre ordinateur qui, lorsqu’il n’est pas utilisé à une activité, se met à faire défiler des photos, des courbes colorées, des informations, des citations … de manière aléatoire !
Un esprit humain est un esprit vagabond, et un esprit vagabond est un esprit malheureux.
Le vagabondage des pensées ne fait pas le bonheur
Il semblerait que ce vagabondage soit une variable assez importante dans l’équation du bonheur. Les scientifiques ont en effet constaté que les participants à l’étude étaient plus heureux lorsqu’ils étaient concentrés sur le moment présent et nettement moins heureux lorsque leur esprit vagabondait. Cette constatation s’est vérifiée dans les 22 activités proposées. En d’autres termes, faire la vaisselle en pensant à rendre sa cuisine propre nous rend plus heureux que de penser à nos vacances en faisant la vaisselle. Voilà qui donne raison aux partisans de l’ici et du maintenant !
Les chercheurs suggèrent que « lorsque notre esprit vagabonde, il a tendance à se tourner vers des choses désagréables….nos soucis, nos angoisses, nos regrets ». En raison du grand nombre de données recueillies auprès des mêmes personnes, ils peuvent conclure que « le vagabondage de l’esprit semble être la cause, et pas seulement la conséquence, du malheur ».
La capacité de penser à ce qui ne se passe pas est une réussite cognitive qui a un coût émotionnel. Espérons qu’au fil du temps, nous serons en mesure de découvrir d’autres paramètres importants du bonheur et que la compréhension scientifique du bonheur nous aidera à bâtir un avenir riche, en bonne santé mais aussi plus heureux.
Sources :
[1] Daniel Kahneman, Princeton University Woodrow Wilson School, 2010 https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1011492107
TedX, Matt Killingsworth, « A Wandering Mind Is an Unhappy Mind », https://www.ted.com/talks/matt_killingsworth_want_to_be_happier_stay_in_the_moment/transcript
https://www.ingredientsofwellness.com/the-emotional-cost-of-a-wandering-mind/
https://www.re-connect.fr/vagabondagementalmeditation/
The Stress Test, Ian Robertson
[social_warfare]
Barbara Reibel
Coach Happiness, Auteure et Blogueuse
Fondatrice du site Happiness Factory et du blog En 1 mot